Le film de Mathieu Kassovitz est inspiré de la mort de Makomé M’Bowolé, tué par un policier lors de sa garde à vue.
Ce fût le point de départ à la réflexion qu’a eu Kassovitz ; comment en est-on arrivé là?
Comment le sentiment de haine est devenu si fort qu’il a mené le policier jusqu’à cet incident dramatique, jusqu’à appuyer sur la détente.
Le film démarre sur des images d’archives et vont crescendo ; d’abord des manifestations, puis quelques altercations jusqu’à ce que cela dégénère totalement (bagarres contre des CRS, personnes inconscientes sur le bitume..).
La présentation des trois personnages principaux est efficace et très « typographiée » (le tag de Saïd sur le bus des CRS, le plan sur la bague « Vinz » de Vincent et l’affiche de boxe pour Hubert).
Les trois personnages représente des minorités religieuses ou ethniques de la société :
un juif (Vincent), un maghrébin (Saïd) et un noir (Hubert).
Kassovitz avoue lui même que cela reste très symbolique et que ce cela resterait plutôt anecdotique en banlieue.
Cependant le trio fonctionne bien et on les suit durant toute une journée vaquer à leurs occupations.
Le film peut se comparer à une tragédie moderne, et durant tout le film, l’apparition de l’heure de la journée en blanc sur fond noir, nous annonce une certaine fatalité.
Le fait est que Vinz qui est en possession d’une arme à feu perdue par un policier et il compte bien équilibrer la balance si leur ami actuellement dans le coma à cause d’une bavure policière meurt.
Durant tout le film, Hubert le premier essayera de le faire raisonner « La haine attise la haine » lui rappelle-t-il.
Hubert représente d’une certaine façon la raison dans cette banlieue.
C’est également lui qui énonce l’histoire du mec qui tombe de l’immeuble, et qui se dit à chaque étages « Jusque là, tout va bien ».
Mais Hubert comme le film nous dévoile que c’est l’atterrissage qui compte, et celui-ci se fera dans la violence.
La confrontation Vinz/Hubert est l’un des principal sujets du film.
A la fin, Hubert réussira à ouvrir les yeux à Vinz mais c’est à ce moment là que surviendra la fatalité du film, que je ne vais pas vous spoiler.
Ce qui m’a le plus intéressé dans le film sont les plans séquences que Kassovitz utilise.
Ces longs plans tournés d’une traite grouillent souvent de détails et l’on peut voir à ce moment précis le travail des comédiens sans montage .
Ces scènes représentent pour moi l’essence du film, beaucoup de gestes, de mimiques ou de mots sont improvisés mais le tout est très juste et fidèle au travail d’écriture qu’il y eut en amont.
Kassovitz s’amuse durant tout le long du film à intégrer son équipe technique dans le casting (la scène du tram lorsqu’ils vont dans la banlieue de Paris, le patron du musée qui est le père de Kassovitz ou lui-même dans le rôle d’un des skins…).
Le film est également bourré de références comme la scène du miroir de Taxi Driver (Martin Scorses) ou De Niro balance le désormais culte « You talking to me? » que Vincent Cassel se fait un plaisir de reprendre .
Mais également les mots sur l’affiche « Le monde est à vous » présents dans le Scarface de De Palma
(à vérifier s’il est dans la version de Howard Hawks de 1933).
Saïd passe devant l’affiche et rajoute un N (clin d’oeil au titre du film) à la place du V, offrant alors à lire « Le monde est à nous ».
Clin d’oeil également à un film dont j’ai malheureusement oublié le nom, lorsqu’un homme offre à sa conquête d’éteindre les éclairages de la tour Eiffel à distance.
Dans La haine celle-ci s’éteint quelques secondes après qu’ils claquent des doigts, alors qu’ils quittent le champ de la caméra en disant « ça ne marche que dans les films » suivit de quelques blagues improvisées (à hurler de rire).
Ainsi ils n’assistent pas à ce mini exploit, et cela nous rappelle que leur monde est loin d’être idéalisé et parfait, comme nous le fera durement comprendre le dénouement.
Mais c’est à moi que tu parles ? C’est à moi que tu parles ?
le film avec le coup de la tour eiffel est : Un monde sans pitié
Merci beaucoup pour l’information.